Overgave van Zeeland aan Frankrijk in 1795

Twee brieven over de overgave van Zeeland aan Frankrijk in 1795

Brief 1

Au quartier général de Briskens, le 17 pluvios,

l’an 3e de la République.

Vous recommandez, cher Durutte, que l’on m’encourage sans doute à terminer vôtre carte de la Flandre hollandoise. Certainement je suis un peu, et peut-être beaucoup paresseux, mais croyez cependant que, lorsque vous n’êtes pas là pour me reprocher ma lenteur, j’ai pour stimulants le désir et le plaisir de faire quelque choses qui vous sont agréable. Pendant les dix-huit mois que j’ai eu l’avantage d’être prês de vous, l’indifférence ne fut point le sentiment que vous m’inspirâtes, et croyez que jamais, il n’existera de ma part envers vous.

Depuis le sept de ce mois que le général Michaud a reçu l’ordre de sommer l’isle de Walkeren, nous sommes ici, où les glaces, dont la mer etoit couverte, nous ont retenus jusqu’à ce moment, sans pouvoir passer de l’autre côté. Communaux, qui tenta de passer le 10 pour porter la sommation, fut entrainé par les glaces à deux lieues au large, où une barque qu’un commandant de frégate hollandoise envoyat à son secours, le prit et l’emmena à Wlessingue. La nacelle, dans laquelle il étoit parti fut entraînée, jusqu’à la hauteur de Blankinberg, et ne put sortir des glaces qu’ à dix heures du soir à marée haute, et faisant eau par plusieurs endroits. Communaux fut retenus cinq jours, pendant lesquelles les glaces, que charioit l’Escaut engorgèrent le port de Wlessingue au point que les bâtimen[t]s de guerre qui sont à l’entrée de ce port, ne pouvoi[en]t boujer [= bouger]. Le général Michaud, inquiet du résultat de sa sommation, envoya le 14 Dapremont, qui arriva heureusement à la côté et prit Communaux.

Le 16 trois députés et un capitaine de vaisseau de la Zélande furent envoyés par les États de cette province pour traiter. La conférence dura jusqu’à minui[t]; leurs demandes étoient en partie hors les pouvoirs du général et il fut très difficile de s’accorder, d’autant plus que ces trois députés, qui n’étoient pas tout à fait des sots, étoient, je croie, un peu attachés au statouder,entendant parfaitement le français, disputèrent singulièrement sur des mots lorsq’ils prévoyoient qu’ils étoient susceptibles de double jeux.

Ils furent en un môt méfiants, et je crois qu’il sera fort difficile à vivre d’accord avex eux dans leurs pays, si la discipline la plus sévère n’est observé. Les paysans sont tous armées et un peu tumultueux. Il ne pourra provisoirement entrer dans l’isle de Walkeren que 700 hommes vu la rareté des vivres; au moins c’est le motif qu’ils ont donné pour s’opposer à une plus grande entrée de troupes.Après la lecture de toutes leures propositions le général a
fait ses réponces d’après ses instructions. Comme elles ne furent pas tout à fait conformes aux demandes des États de la province, les députés assurèrent ne pouvoir ratifier ces conditions sans qu’au préalable ils n’en aient conféré avec leurs commettans.

Communaux partit hier avec eux pour recevoir une réponse définitive, et ce matin l’on tira des batteries de Vlessingue trois coups de canons, signal convenu dans le cas où la capitulation seroit ratifiée.

Par cette capitulation toute la Zélande est soumise, parce que les États-Généraux de toutes ces isles siègent à Midelbourg et que les députés avoient ordre de traiter pour toute la province se chargeant d’exiger l’obéissance des habitans des autres isles.

Le général Moreau avoient ordre d’agir offensivement par Tolen dans le cas où l’on n’auroit point réussi à négocier ici. Etc.

Je désirerois avoir un certificat du temps que j’ai été près de vous, de même que [*] soient qu’il faille rejoindre ou non, cette pièce m’est toujours nécessaire. Lorsque nous retournerons à Bruges, je terminerai, s’il m’est possible, la carte qui est aux trois quarte faite. Adieu, cher Durutte, lorsque vous n’aurez rien de mieux à faire, veuillez me donner de vos nouvelles, et croyez qu’il me sera toujours très agréable de recevoir cette marque d’amitié de vôtre part.

Nous embarquerons demain pour Wlessingue. Bien des amitiés aux citoyens Merters et Sachon. Je vous souhaite moins de travaux de plume et plus de fatigues militaires. J’ai pensé plus d’une fois à vous dans cette opération, qui vous eut infiniment plu.Salut et bonne santé, c’est ce que vous souhaite celui qui est avec révérence vôtre antique garçon de boutique, qui souvent à sa calèque.

Guillot

PS Crochon, qui est avec Communaux de l’autre côté m’a chargé de vous dire qu’il vous ecriroit sous peu. Il vous embrasse tous trois.

Brief 2

À l’adjudant-général Durutte,

à Bréda

[Verzonden van het legeronderdeel van generaal] Michaud

Vlesingue le 22 pluviose, 3e année républicaine

J’ai reçu hier, mon ami, mon mémoire que tu as bien voulu faire copier. Je l’ai addressé ce matin au président de la Convention, valeat quod valeat.

Il m’a été impossible de te donner des nouvelles de nos projets, et j’ai prié Becheloche[15] de vouloir bien me supplier. Aujourd’hui je puis entrer vous tous les détails. Le général Michaud reçut le 7 du général en chef l’ordre de faire avancer un ou deux bataillons dans l’isle de Cazand pour les faire passer à Flessingue aussitôt qu’un parlementair lui rapporteroit qu’on étoit disposé à nous recevoir.

Nous couchâmes le même jour à Oosbourg, et le lendemain matin nous arrivâmes à Brestkens. Il fut impossible ce jour là et le lendemain de mettre la plus petite barque à la mer. Enfin après bien des travaux et des peines Communaux s’embarqua le 10. Il fut entrainé par les glaces au dessous de l’Écluse, et il courut de si graves dangers qu’un vaisseau de guerre mouillé sous Flessingue envoya sa chaloupe à son secours. Elle le prit à son bord, et il arriva sur les 3. heures après-midi, tandisque sa barque ne put gagner la terre que sur les sept heures du soir.

Les glaces retinrent Communaux jusqu’au 14, jour auquel. Dapremont s´embarqua pour aller chercher de ses nouvelles et les réponses à nos sommation. Nos deux camarades revenirent ensemble, mais le temps étoit si peu favorables que les députés des États chargés de traiter avec le général, n’osèrent tenter le passage. Ils ne s’embarquèrent que le lendemain. On discute durant huit heures pour arrêter la capitulation. Ces messieurs tenoient la dragée un peu haut. Le lendemain nous vînmes, Communaux et moi, avec eux pour recevoir les dernières résolutions des États. Qui trouvions nous à Midelbourg? Le général Moreau qui avoit pénétré par Tolen, et qui étoit chargé de capituler avec les États. Il fut surpris que le général Michaud eut pu le dévancer, et surtout pénétrer par Brestkens. Nous nous rendîmes ensemble aux États, et il fut témoin de l’acceptation

de la capitulation, ainsi qu’elle avoit été répondue. Nous repassâmes le lendemain à Brestkens, et le 18 nous nous sommes embarqués avec le 2e de la 10e ½ brigade.

Nous avons trouvé ici huit bâtiments de guerre tant vaisseaux que frégates. Il y a eu un petit mouvement parmi les matelots qui veulent absolument être libres, et qui vont être licenciés.

La ½ brigade entière sera ici dans quelques jours, et le général Garnier va se prendre pour prendre le commandement de la Zélande.

Nous nous trouvons aussi mal que toi. Il faudroit avoir beaucoup de numéraire pour ne manquer de rien, et le numéraire ne nous surcharge pas. Les assignats n’ont aucun cours forcé, cependant on vend à Midelbourg des montres, bagues, toilles, etc. etc. en assignats et à bon marché. Je ne sais ce que cela signifie.

Adieu car le cour[r]ier me presse.

Amitié de la part du général.

Ton ami Crochon