[Volgnr 211, folio 1v:]
je m’offris pour [aller à] la Martinique demander une
barque à monsieur [le] General qui me portast, où quelq’un
de mes domestiques à Tabac avec trois où 4 des principaux
Caraïbes, authorisez de toutte la nation, pour conclure
la paix ou poursuivre la guerre. Cet offre ne fût accepté
qu’à condition d’un prompt retour et jamais il ne me
voulûrent promectre qu’ils attendroient plus de quinze
jours après mon départ, qui fût le 20 du courrant.
2. Les Caraïbes de St. Vincent attestent, qu’ils n’ont eû aucune part
au massacre faict depuis quelques mois en l’îsle de Tabac
et que l’on scait avoir esté executé par ceux de Terre Ferme
nommement de Paria en vengeance de ce que quelques
barques Francoises leurs ont enlevé de leurs gens pour les
vendre comme esclaves et cecy depuis plus de 18 mois, n’estant
d’ailleurs pas extraordinaire que ces barbares prennent tous
les Européans pour une mêsme nation et qu’ils se soient
jecté sur Tabac, qui est le plus à leur bienseance et qu’ils
ont jugé la plus faible de touttes [les îsles] qui sont au voisinage.
3. Ils se [plainent] de ce que l’on a par voye de faict
pris d’abbord à Tabac une des deux pyraughes de St. Vincent
qui alloient pour traicter a l’accoustumee avec les habitans
de cette îsle là qu'on y a tué un de leurs gens, qu'on s’est saisy
de tout leur petit [bagage] et traitte, qu’on les a contraint
d’estre un longtemps fugitifs dans les bois, qui sans examiner
[Volgnr 211, folio 2:]
les choses à fond on a […] de joindre les armes
Francoises à cette c[…] la pour déstruire une nation innocente
d’une part du [ravage] que l’on luy impute, et d’ailleurs très
affectionée à la France, avec laquelle jamais elle n’a
rompu depuis que les îsles Francoises ont passé soubs la
domination des messieurs de la Compagnie des Indes
Occidentales. Et je ne me puis taire de leur modération en ce
point: vû qu’eux estant léséz sans avoir commis autre crime
que de porter la couleur rouge, et sachant que j’allois à la
Martinique, ils ne m’ont jamais enjoinct de demander
pour eux le secours des armes Francoises, sinon en cas
que Tabac rejectast les voyes d’accommodement.
Pour ce qui regarde la détention de Laurent et
d’un autre Caraïbe arrivée du depuis, comme ces
gens sont alléz sans ordre et sans aveu du grand
Baba, il ne s’allarme guerres touchant ce
qu’ils deviendront, et si Laurent est convaincu
d’avoir enlèvé des nègres de Tabac, personne ne
s’opposera à ce qu'on le retienne esclave jusques
à la restitution, ou, pour tousjours, si cette restitution
est à présent impossible.
4. Ils prétendent qu'on leur restitue la pyraughe et
tout le reste en espèce ou en valeur que pour le Caraïbe
tué on leur donne deux esclaves de choix de l’âge
de 18 à 20 ans, soient sauvages de Terre Ferme où nègres